18 février 2021
L'avocat de Lula da Silva, Cristiano Zanin. Photo: Ricardo Stuckert.

L’avocat de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, Cristiano Zanin, a déclaré, dans un entretien avec Efe, que l’opération de lutte contre la corruption Lava Jato avait «sapé» l’état de droit au Brésil, et a réaffirmé qu’elle avait des répercussions «graves» dans la justice, l’économie et sur la souveraineté du pays.

«C’est un scandale majeur pour le système judiciaire brésilien qui doit faire l’objet d’une enquête. Il est temps de corriger les dommages que Lava Jato a causés à la justice brésilienne et à tout le pays, à la souveraineté du Brésil », a déclaré Zanin, qui dirige la défense de Lula dans les différents procès intentés au tribunal contre l’ancien président.

Le leader progressiste du Parti des Travailleurs (PT), âgé de 75 ans, répond en liberté à deux condamnations pour corruption, après avoir passé 1 an et 7 mois derrière les barreaux, accusé d’avoir reçu un appartement de trois étages sur la côte de São Paulo en échange de la promotion de l’entreprise de construction OAS dans les contrats avec Petrobras.

La défense de l’ex-président (2003-2011) est centrée sur l’annulation des deux condamnations devant la Cour suprême du Brésil, qui n’a pas encore repris le procès d’un habeas corpus – dans lequel les avocats de Lula remettent en question l’impartialité de l’ex-juge Sergio Moro, qui a prononcé la sentence dans «l’affaire triplex».

Parmi les preuves, les avocats soulignent le fait qu’après avoir condamné Lula, Moro est devenu membre du gouvernement du président Jair Bolsonaro et devenu son ministre de la Justice, poste dont il a démissionné l’année dernière, en rompant avec le leader d’extrême-droite, le plus grand ennemi de Lula.

«Nous exposons la preuve d’une prestation absolument corrompue et partiale (par Moro). Nous montrons que tout cela est lié au fait que le juge d’alors avait l’intention de retirer Lula de la vie politique du pays, en même temps qu’il a aidé à élire le président Bolsonaro et qu’il est entré dans son gouvernement », a-t-il expliqué.

La défense dénonce un complot entre l’accusation et le juge Moro
Le parti pris de Moro, selon Zanin, est également démontré par une série de messages que les procureurs de Lava Jato ont échangés à l’époque avec le juge de l’époque Moro, auxquels la défense de l’ex-président eu accès accès après une récente décision du deuxième collège de la Cour suprême.

Selon Zanin, ces messages, obtenus par des «hackers» et partiellement livrés au portail The Intercept, confirment le «complot entre l’accusation et le juge» Moro avec «l’intention délibérée de condamner et de délégitimer» l’ancien président Lula da Silva.

« Lava Jato a ouvert des poursuites pour promouvoir une véritable croisade judiciaire contre Lula » , a déclaré Zanin, qui a également souligné que les messages entre Moro et les procureurs montrent que le juge a guidé l’action de ce dernier, en violation flagrante de la loi.

L’annulation des trois procédures
L’ancien juge Moro n’a pas prononcé la peine contre Lula dans la seule affaire dite ‘triplex’, dans laquelle l’ancien dirigeant a été condamné à 8 ans et 10 mois de prison, mais la défense soutient qu’il a ‘agi’ dans deux autres affaires.

Dans l’une d’elles, la soi-disant ‘affaire Atibaia’, l’ancien président a été condamné pour avoir bénéficié de rénovations coûtant des millions que trois entreprises de construction ont effectuées dans une maison de campagne dont la propriété lui est attribuée, tandis que dans la seconde, il est accusé d’avoir reçu une terrain de la société Odebrecht à titre de corruption, pour la construction du siège de l’Institut Lula.

« Nous demandons expressément qu’une fois la partialité de Moro reconnue dans le cas du triplex, les conséquences juridiques s’étendent aux deux autres cas où Moro a agi » , a souligné l’avocat.

Zanin a rappelé que si la demande d’annulation est confirmée par la plus haute juridiction du pays, Lula récupérera ses droits politiques, perdus après la ratification de sa condamnation en deuxième instance.

Si tel est le cas, l’ancien président pourrait être candidat aux élections de 2022, après avoir été empêché de participer aux élections de 2018.

«Notre travail se situe dans le domaine juridique: annuler les processus et restaurer les droits de l’ex-président. Qu’il soit candidat ou non, cela va au-delà de notre action », a-t-il réaffirmé.

Diario Libre | Traduit par Francis Gast.