11 septembre 2018

Dans une interview dimanche au quotidien Estado de São Paulo, le général Eduardo Villas Boas a qualifié de “tentative d’atteinte à la souveraineté nationale” l’appel lancé le mois dernier aux autorités brésiliennes par le Comité des droits de l’homme de l’ONU d’autoriser l’ancien président à participer à l’élection présidentielle du 7 octobre.

Lula, 72 ans, est détenu depuis avril pour corruption et blanchiment d’argent. Il purge une peine de plus de douze ans d’emprisonnement.

L’ancien président a déjà engagé plusieurs recours contre l’invalidation de sa candidature, motivée par une loi qui interdit à toute personne condamnée en deuxième instance de se présenter à une élection.

“Il dépend de nous de permettre que l’on confirme ou pas” une telle candidature, s’est agacé l’officier supérieur.

“Cela nous préoccupe car cela peut compromettre notre stabilité, les conditions dans lesquelles le gouvernement exerce son pouvoir et la légitimité du prochain gouvernement”, a poursuivi le général Eduardo Villas Boas.

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) a donné jusqu’au 11 septembre au PT pour annoncer le nom d’un remplaçant à Lula, qui serait selon toute probabilité son colistier Fernando Haddad, ex-maire de São Paulo, si Lula perdait définitivement ses chances.

Le PT a protesté contre les déclarations du général Villas Boas, fustigeant une “tutelle militaire sur la démocratie”.

Ces déclarations constituent “l’épisode d’insoumission le plus grave d’un commandant des forces armées dans le rôle qui leur a été défini” dans la Constitution, a poursuivi le PT dans un communiqué.

“Il est très grave qu’un commandant chargé d’une importante responsabilité s’arroge le droit de s’ingérer directement dans le processus électoral, une chose que les Forces armées s’abstenaient de faire depuis les temps sombres de la dictature”, a souligné le PT, faisant allusion au régime militaire qui a dirigé le Brésil de 1964 à 1985.

Le député d’extrême droite Jair Bolsonaro est largement en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle, selon le premier sondage réalisé après l’invalidation de la candidature de l’ex-président Lula, jusque-là grand favori.

Jair Bolsonaro serait toutefois battu facilement par la quasi-totalité de ses adversaires au deuxième tour, selon l’enquête d’opinion diffusée mercredi par l’institut Ibope.

 

RTBF