Dans une lettre à Xi Jinping, Lula présente ses excuses au peuple et au gouvernement chinois pour le comportement de Bolsonaro
Dans une lettre envoyée au président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping, l’ancien président Lula a présenté ses excuses au gouvernement et au peuple chinois pour «l’agression inacceptable» du député Eduardo Bolsonaro envers ce pays.
Lula a regretté que Jair Bolsonaro n’ait pas été le premier à prendre une telle mesure après que son fils a accusé la Chine de propager le coronavirus. “Son silence fait honte au Brésil et prouve l’étroitesse d’une vision du monde qui méprise la vérité, la science, la coexistence entre les peuples et la démocratie elle-même”, écrit Lula, en référence à Jair Bolsonaro.
Ni le président du Brésil ni l’Itamaraty (Ministère des Relations Extérieures) ne se sont excusés pour cet épisode qui, en plus de faire preuve d’ignorance, affecte les relations du Brésil avec notre principal partenaire commercial. “Je suis particulièrement désolé que cette agression se soit produite dans le contexte d’un différend commercial entre la Chine et les États-Unis, un pays auquel la politique étrangère brésilienne a été soumise de manière servile par ce gouvernement”, a ajouté Lula.
“Bolsonaro abaisse les relations du Brésil avec les pays amis et se fait passer pour un petit lèche-botte du président Donald Trump.”
La lettre de Lula a été remise vendredi (20 mars) à l’ambassade de Chine à Brasilia et elle est parvenue ce dimanche au président Xi Jinping. Lula a félicité le gouvernement et le peuple chinois pour les victoires remportées dans la lutte contre le coronavirus. “C’est la véritable image de la Chine que nous, Brésiliens et Brésiliens, avons appris à admirer, dans une coexistence de respect mutuel”.
Lisez la lettre complète de Lula à Xi Jinping ici:
São Bernardo, Brésil, 20 mars 2020
Cher président Xi Jinping,
Au nom de l’amitié entre les peuples du Brésil et de la Chine, cultivée par les gouvernements successifs des deux pays pendant près de cinq décennies, j’en viens à récuser l’agression inacceptable faite contre leur grand pays par un député qui se trouve être le fils de l’actuel président de la République du Brésil.
Une telle attitude, agressive et irréfléchie, va à l’encontre des sentiments de respect et d’admiration du peuple brésilien pour la Chine. Je crois que j’exprime le sentiment d’une nation que j’ai eu la responsabilité de présider pendant deux mandats, en m’excusant auprès du peuple et du gouvernement de la Chine pour le comportement déplorable de ce député. Comme vous le savez, des secteurs significatifs de la société brésilienne ont condamné cette agression, y compris les présidents de la Chambre des Députés et du Sénat Fédéral du Brésil.
Je regrette cependant que l’actuel gouvernement brésilien n’ait pas encore fait ce geste par la voie diplomatique et par le président de la République, Jair Bolsonaro lui-même, qui aurait dû être le premier à prendre une telle mesure. Son silence fait honte au Brésil et prouve l’étroitesse d’une vision du monde qui méprise la vérité, la science, la coexistence entre les peuples et la démocratie elle-même.
Je regrette particulièrement que cette agression se soit produite dans le contexte d’un différend commercial entre la Chine et les États-Unis, pays auquel la politique étrangère brésilienne a été soumise de manière servile par ce gouvernement. Bolsonaro dégrade les relations du Brésil avec les pays amis et s’abaisse en tant que subordonné servile du président Donald Trump. Ce gouvernement passera, sans avoir atteint la grandeur Brésil, mais rien ne peut effacer les liens d’amitié et de coopération que nous avons tissés depuis 1974, lorsque le président Ernesto Geisel a rétabli les relations entre le Brésil et la République Populaire de Chine.
Presque tous les présidents brésiliens ont depuis renforcé nos relations dans les domaines les plus divers. Je rappelle que, toujours en 1988, le président José Sarney a signé les accords pour la construction du satellite sino-brésilien, qui devait être lancé sous le gouvernement du président Fernando Henrique Cardoso. En 1994, les Présidents Itamar Franco et Jiang Zemin ont établi le Partenariat stratégique Brésil et Chine, qui a été mutuellement bénéfique. Depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial du Brésil. Dans mon gouvernement, le Brésil a reconnu la Chine comme une économie de marché et nous avons construit les BRICS ensemble, inaugurant un nouveau chapitre dans l’ordre mondial.
J’ai récemment exprimé ma solidarité avec le peuple et le gouvernement chinois dans la lutte contre le coronavirus. J’apprends maintenant que les efforts admirables déployés dans ce combat ont permis l’interruption, pour la deuxième journée consécutive, de la transmission du virus dans votre pays.
Félicitations pour cette victoire et continuez à vous battre. Telle est la véritable image de la Chine que nous, Brésiliens, avons appris à admirer, dans une coexistence de respect mutuel. Un pays avec lequel nous souhaitons maintenir et approfondir les meilleures relations d’amitié et de coopération, y compris dans la lutte contre la grave pandémie qui nous affecte également.
Recevez ma salutation respectueuse et fraternelle, qui s’étend à tous les Chinois,
Luiz Inácio Lula da Silva
lula.com.br | Traduit par Francis Gast.